La Macif officiellement propriétaire de Mondial Pare-Brise

C’est fait : depuis le 13 février, un assureur est propriétaire de sa propre enseigne de réparation et de remplacement de pare-brise. En acquérant Mondial Pare-Brise auprès d’un Parts Holding Europe (PHE) contraint par les autorités de la concurrence de céder ses réseaux de vitrage après sa reprise par D’Ieteren, détenteur de Carglass, la Macif frappe un grand coup. Un coup de semonce, d’abord, sur un marché du bris de glace où le leader en rouge et jaune est devenu un peu trop dominant pour des assureurs désireux de maintenir toujours plus faible le coût moyen sinistre.

Mesuré en hausse de 42 % entre 2015 et 2021, soit + 6 % par an en moyenne selon les données de France Assureurs, qui fédèrent les principales compagnies et mutuelles d’assurances de la place, ce coût a encore fortement gonflé en 2022, comme en témoignent les dernières statistiques SRA. « En effet, l’inflation des coûts de réparation sur les bris de glace […] due au contexte économique, aux évolutions technologiques et à certaines pratiques commerciales, se répercute sur les primes d’assurance et pèse, in fine, sur le pouvoir d’achat des Français », plaide la Macif. Entre l’offre de cadeaux en vogue dans certains réseaux non agréés et la superpuissance Carglass dont le poids sur le marché lui permet d’imposer ses propres conditions, il est logique que les assureurs cherchent d’autres voies.

En mettant la main sur Mondial Pare-Brise, la mutuelle s’offre « un levier pour maîtriser la chaîne de valeur sur l’après-vente automobile », autrement dit : un réseau à sa main, encore moins susceptible de déroger à l’orthodoxie tarifaire et gestionnaire exigée par le donneur d’ordres. Et ce, même si le donneur d’ordres n’est pas la Macif elle-même, puisque le réseau continuera d’agir en toute autonomie commerciale et de gestion, sur un modèle de croissance décrit comme ouvert et « en partenariat avec l’ensemble des assureurs ». Avec l’appui, bien sûr, de la Macif dans la poursuite de son développement au plus près du terrain, ce qui s’accorde avec les valeurs de la mutuelle selon ses propres mots.

Un coup de poker, ensuite, car la dernière expérience d’un réseau de réparation détenu en propre par un assureur s’était soldée par un échec cuisant. Particulièrement réfractaire à l’idée de pari, le monde de l’assurance y verra sans doute un acte de conviction : celui que le bris de glace, naturellement moins complexe à gérer que la réparation-collision, peut encore être source d’économies. « Il était important qu’un assureur prenne l’initiative d’agir, de peser par ses choix dans l’action et la prise de parole. La mise sur le marché de Mondial Pare-Brise, acteur qui se déclare "l’ami des assureurs et des assurés", au savoir-faire reconnu, attaché comme la Macif à la proximité et à la relation, est une opportunité que nous avons saisie », plaide Jean-Philippe Dogneton, directeur général de la Macif.