Image
ZAA
Image
mobile

CONFÉDÉRATION DES GROSSISTES DE France – STÉPHANE ANTIGLIO - PRÉSIDENT « En matière de normes et de taxes, la créativité de nos politiques est sans limite »

, mis à jour le 16/07/2025 à 11h41
Image
PRZP PP ANA_ANTIGLIO Stephane

Tension économique, accumulation de contraintes réglementaires : les défis à relever par les entreprises du commerce de gros sont sérieux. Alors qu’il préside depuis un an la CGF, Stéphane Antiglio alerte sur le risque d’asphyxie du secteur.

Partager sur
Sur le premier trimestre, la CGF décrit une activité économique tendue pour les entreprises du commerce de gros. Quel atterrissage 2025 anticipez-vous ?

Stéphane Antiglio : La Confédération des grossistes de France regroupe 30 fédérations qui couvrent quasiment tous les métiers qui servent près d’un million de professionnels. Ainsi, le recul de 1,5 % de l’activité révélé par notre baromètre au premier trimestre est le reflet de la santé actuelle de l'économie française. Notre pays pourrait être à la limite de la récession pour 2025. Cela nous inquiète, d’autant que nous subissons la conjonction d’un contexte économiquement défavorable, la pression extrêmement forte de risque d’une fiscalité accrue et de charges augmentées alors que l’on demande aux entreprises d’investir lourdement pour transformer nos entreprises et plus largement la société. Donc oui, la confédération tire la sonnette d’alarme.

Les distributeurs de pièces de rechange auto semblent s’en sortir un peu mieux :+ 0,1 % du CA au T1 et + 0,5 % sur cinq mois selon le baromètre Feda-Xerfi. Peut-on tabler sur le maintien de l’équilibre ?

S. A. : Sur la pièce détachée auto, je ne suis pas trop pessimiste. Nous avons la chance de bénéficier d’un énorme marché sous-jacent d’un parc roulant de 44 millions de véhicules, qui continue de grossir et, en plus, de vieillir. Si le contexte est favorable à notre métier, en revanche ce vieillissement du parc s’assortit d'une demande insistante pour des solutions plus économiques. Cela exacerbe la concurrence et challenge les marques premium face à la poussée des MDD ou des produits d’entrée de gamme ; ce qui impacte l’effet valeur ! Le baromètre Feda devrait donc rester légèrement positif sur 2025, soutenu par les volumes.

Vous dénoncez une accumulation de contraintes réglementaires. En quoi cela accentue-t-il les difficultés des entreprises du commerce de gros ?

S. A. : Si l’on cumule l'urgence budgétaire, l'urgence digitale, l'urgence énergétique débouchant sur l’urgence à se transformer… cela va nous conduire aux Urgences ! Le problème est que pour imposer de nouvelles normes, les pouvoirs publics restent dans le dogme sans étude d’impact, sans véritable consultation en amont des opérateurs, seuls à mesurer la faisabilité opérationnelle de ces nouvelles obligations. C’est de l’improvisation permanente !
Les REP (responsabilité étendue des producteurs) Emballage professionnel en est une parfaite illustration. À six mois de l’échéance, nous n’avons aucun détail : quel montant, quel calcul ? quel périmètre d’application (hors de l’Europe ?) ? Or, cela devrait générer, par effet collatéral, un renchérissement de nos coûts. Même schéma pour la facturation électronique. C'est un axe d'avenir dans lequel les grossistes (20 % des factures émises en France) vont s'engager. Cependant, c'est un énorme chantier pour nos entreprises et nos clients. Là encore, à quinze mois de l’échéance (septembre 2026), les plateformes de connexion n'ont pas encore été officiellement homologuées et l’Afnor travaille encore sur les normes. Mais en même temps, on nous demande de verdir nos flottes, nos entrepôts… Si chaque sujet pris individuellement est sérieux, la capacité de nos entreprises à tout mener de front a ses limites ! Ces calendriers qui se superposent mettent en danger les entreprises.

Considérez-vous que la forte instabilité géopolitique peut avoir un impact sur l’activité des acteurs du commerce de gros ?

S. A. : Nous sentons que de nombreuses choses peuvent se passer dans le contexte géopolitique mondial : flambée du prix du pétrole, fermeture des routes maritimes ou encore surtaxations, etc. Pour le moment, il y a beaucoup d'agitation, mais nous ne constatons encore rient de concret et quoi qu’il arrive l’une des grandes qualités des grossistes est leur capacité d’adaptation. Paradoxalement, si les éléments mondiaux sont d'une extrême importance, ils n’impactent pas pour l’instant nos métiers de grossistes. En revanche, les obligations que les politiques nous imposent – sachant que nous sommes des entreprises citoyennes – et qui s'accumulent ont un impact extrêmement fort… voire dangereux pour nos entreprises.

Dossiers chauds de la CGF

  • Facturation électronique.
  • Décarbonation des flottes (projet de taxe pour flottes +100) et verdissements des entrepôts.
  • Réforme sur les avantages en nature forfaitaire appliqués aux véhicules thermiques.
  • Réduction des allègements des charges sociales et baisse réduction aides à l'apprentissage.
  • Autorisations pour l'agrandissement des entrepôts à partir de 800 m² .
  • Projet d’interdiction du chargement-déchargement par les chauffeurs-livreurs.
  • REP (responsabilité élargie du producteur) Emballages.
     

CGF en chiffres

  • 30 fédérations rassemblées (dont la Feda)
  • 160 000 entreprises
  • 1 million d’emplois
  • 44 % de la valeur ajoutée du commerce en France
  • 900 Md€ de CA cumulé par les adhérents
     
Caroline, directrice des rédactions Auto chez Zepros, décrypte mutations et enjeux de l’après-vente auto : transition énergétique, réglementations, logistique, métiers et acteurs du secteur.
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire