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S. Antiglio (PHE) : «Poursuivre notre croissance et être prêt à aborder la décennie 2030»

Caroline Ridet
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ANTIGLIO Stephane PHE.

Après 2022 marquée par son rachat par D’Ieteren Group et une croissance au rendez-vous, le n°3 de la distribution PR européenne prépare une année 2023 imprévisible sous la pression inflationniste. Bilan et perspectives de Stéphane Antiglio, président de PHE, et Jérémy de Brabant, DG de l’activité BtoB.

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Le rachat de PHE par D’Ieteren Group : projet industriel ou simple investissement financier ?

Jérémy de Brabant : Il s’agit d’un investissement financier porté par D’Ieteren Group, une société d’investissement cotée en Bourse et contrôlée par une famille. D’Ieteren Group investit dans des secteurs différents. Pourquoi PHE ? Le groupe a été convaincu par notre business plan, notre modèle d’entreprise et les équipes. D’Ieteren Group partage et soutient notre projet de développement. Historiquement proche de l’automobile au travers de son activité D’Ieteren Automotive, D’Ieteren Group considère que l’IAM est un secteur porteur dans la durée. Aucune synergie industrielle n’est prévue avec une quelconque autre activité du groupe, y compris automobile.

D’Ieteren Group a annoncé une croissance de 15,4% sur neuf mois pour PHE. En phase avec l’atterrissage 2022 ?

Stéphane Antiglio : C’est une trajectoire que nous espérons maintenir. Ces résultats sont soutenus par notre croissance organique dynamique et par l’intégration d’acquisitions récentes. Ce développement est homogène dans tous les pays dans lesquels nous sommes présents. L’inédite surinflation actuelle participe à près de la moitié de la performance.

Comment voyez-vous 2023 ?

S. A. : Pour un distributeur de pièces, le contexte est difficile. Nos coûts sont en hausse significative et certains augmentent même plus vite que nos prix de vente. Nous mettons en place des plans d’actions pour maintenir notre rentabilité et être en capacité de réinvestir dans notre développement. L’année 2022 a été très «challengeante» et 2023 le sera encore plus.


J. de B. : La baisse du pouvoir d’achat des ménages aura certainement un impact sur le vieillissement du parc auto et sur les kilomètres parcourus. Le croisement des effets conjugués de l’inflation et de la baisse du pouvoir d’achat va questionner les modèles existants. Nous sommes très vigilants pour préserver une mobilité abordable. Nous pensons que nous avons la capacité de développer nos ventes dans ce contexte grâce à notre positionnement de multispécialiste et notre organisation logistique. Nous sommes donc optimistes pour la croissance de PHE en 2023.

Qui paie cette pression inflationniste ?

S. A.: Le consommateur en paie une partie. Comme le distributeur, le garagiste participe à l’effort. Les équipementiers sont sous la pression des constructeurs, du repli des volumes OE, des fermetures de la Russie et de l’Ukraine, des pénuries de matières premières, des prix de l’énergie qui s’envolent, et ils ont en parallèle le besoin d’investir pour inventer leur futur... L’équation n’est pas plus facile à résoudre pour nos fournisseurs que pour nous. Nous comprenons la nécessité pour certains d’augmenter leurs tarifs. Mais attention à ceux qui poussent le curseur trop loin. Ils jouent un jeu dangereux au risque d’être décrochés au bénéfice d’offres alternatives à prix plus acceptable.

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BRABANT Jeremy PHE

Dans quelle proportion êtes-vous touchés par les pénuries ?

J. de B. : Nous avons subi une situation de pénurie mi-2022 avec des taux de retard dans les livraisons de nos fournisseurs cinq fois supérieurs à 2019, pour redescendre à 2,5 fois en fin d’année. L’amélioration est prégnante, mais nous souhaitons revenir au niveau d’avant-crise.

S. A. : Nous subissons les ruptures mais nous essayons de ne pas les faire subir à nos clients. Concrètement, cela signifie que nous portons des niveaux de stocks inédits dont nous assumons le coût. Cette stratégie, initiée au moment du Covid en 2020, est soutenue par notre actionnaire. Nous faisons tout pour garantir la disponibilité des produits à nos clients.

Où en est PHE dans son déploiement européen ?

J. de B. : En Espagne, nous sommes très heureux de ce que nous avons réalisé en trois ans avec les équipes. Avec trois acquisitions en 2022, nous atteignons un maillage de six sociétés. Notre ambition est de compléter le dispositif au fur et à mesure des opportunités. Notre mode opératoire s’inscrit dans un processus amical avec, pour chaque acquisition de nos partenaires adhérents d’AD Parts, la volonté de laisser les dirigeants historiques (25 % du capital) conserver la direction opérationnelle. Nous construisons ensemble l’avenir de ces entreprises, avec un vrai projet. En Italie, si les modalités sont différentes, l’esprit est le même.


S. A. : En Italie, notre vingtaine de sites filiales et les sept sites d’indépendants affiliés Giadi offrent une couverture complète du territoire. Nous avons un maillage suffisant car nos sites sont des plateformes pivots livrant des « ricambistes » qui servent à leur tour les garages. Nous renforçons notre puissance logistique avec un investissement dans un entrepôt de nouvelle génération à Padoue qui irriguera le nord-est du pays. Notre stratégie est de rester concentrés dans les pays où nous sommes, tout en restant attentifs à d’éventuelles opportunités.

Quelle est votre position sur la connectivité ?

J. de B. : Nous savons que la connectivité est un enjeu de préoccupation pour toute la profession. PHE accompagne les réparateurs et leur propose des solutions : nous avons quatre équipements de remote diag- nostic et un service d’assistance remote via Grup Eina.


S. A.: Le véhicule connecté coûte cher sans amener une réelle valeur ajoutée aux consommateurs. La technologie représente un coût significatif pour le réparateur qui doit s’équiper, se former, payer pour passer les Gateway et autres Passthru, mais aussi pour bénéficier d’une puissante connexion internet. Ces coûts seront répercutés aux automobilistes sur la facture.

Sur l’électrification ?

J. de B. : Notre mot d’ordre est de donner la capacité à nos réparateurs d’intervenir sur tous les véhicules, surtout si nous voulons continuer à monter en puissance sur le marché des flottes. Nous n’avons pas découvert l’électrification aujourd’hui chez PHE ! Dès 2013, nous avons commencé à former les garages aux nouvelles motorisations; plus de 1 900 clients Autodistribution sont déjà formés à l’électrique en France. L’Institut AD délivre aujourd’hui toutes les habilitations électriques, y compris les travaux sous tension.


S. A. : Les premiers impactés sont les carrossiers. Ils ont déjà eu à maîtriser les ADAS et se forment désormais à l’électrique. Pour eux, les véhicules électriques arrivent déjà dans leurs ateliers. Dans certaines zones très urbaines, des garages mécaniques commencent à être concernés mais la montée en puissance sera progressive avec un taux de véhicules électriques de plus de 5 ans qui restera encore faible en 2030. Mais nous nous devons d’être prêts pour bien aborder la décennie 2030-2040.

Caroline Ridet
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