Mais d’où diable vient le spectaculaire rebond de l’après-vente?

Jean-Marc Pierret
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Les progressions à 2 chiffres se multiplient. Tous les indicateurs sont au vert sur le marché de l'après-vente. Jusqu'à peut-être enjamber 2020 pour dépasser les performances de 2019. Tous ? Non. Certains font de la résistance, comme la consommation des carburants routiers qui demeure plus de 8 % sous celle de 2019. Le mystère de ce regain d'activité reste donc presque entier...

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Voir aussi : « Spectaculaire rebond de l’après-vente (suite) : les éclairages de nos lecteurs »

Une activité pièces PL qui va bien, des ventes de pièces VL qui surperforment en grandes ventes comme en composants techniques (voir « Baromètre Feda : reprise confirmée sur le deuxième trimestre ») ; des constructeurs et des équipementiers qui fêtent, malgré l'atonie des ventes VN et donc de la 1ère monte, un bon 1er semestre (voir « L’étonnante -et rassurante- foire aux “Plus” »)...

Si la tendance devait se confirmer durablement, le marché 2021 de la rechange et de la réparation fera bien sûr -et logiquement- mieux que 2020. Et si les curseurs ne se calment pas, il pourrait même dépasser la pourtant bonne année 2019, soulignent quelques sérieux acteurs du secteur !

Alerte aux bonus

Mais bizarrement, cela semble bien les inquiéter. Pourquoi diable se méfier de nouvelles aussi bonnes ? D'abord pour une raison trivialement business : les objectifs annuels ont la fâcheuse habitude de se réétalonner l'année suivante sur la base du réalisé de l'année précédente, a fortiori quand cette dernière a été bonne.

Personne ne boude bien sûr le plaisir d'effacer des mémoires et des comptes les effets d'une crise inédite. En après-vente non plus, puisque la pandémie, au contraire des précédentes crises strictement financières, n'a pas épargné cette fois les marchés pourtant traditionnellement acycliques de la rechange comme de la réparation. En vidant les routes comme jamais, elle a fait chuter l'activité comme aucune récession récente ne l'avait fait.

Tous les commerciaux de l'écosystème après-vente se frottent sûrement les mains en voyant poindre un bonus 2021 après avoir dû faire une croix sur celui de 2020. Mais ils savent aussi que ce “mieux” peut aussi être l'ennemi du bien. Et même de plusieurs.

Le premier risque se comprend aisément : une trop belle année 2021 risquerait d'hypothéquer 2022 puisque l'on sait qu'un tel miracle est, dans notre secteur, théoriquement impossible. Mais les financiers, eux, adorent espérer toujours mieux. Même s'ils n'y croient pas vraiment, ils n'hésiteront sûrement pas à prolonger la courbe en 2022. Ils y gagneront en progression, mais pour des objectifs qui, eux, resteront difficiles à atteindre. Gagner plus en redistribuant moins n'est jamais pour leur déplaire...

-8,5 % de carburants consommés

L'autre question que se posent les acteurs du secteur est plus générale. Il cherchent la ou les raisons de cette embellie spectaculaire... sans rien trouver d'indiscutablement convaincant. Les conjectures se multiplient, mais certains chiffres sont d'autant plus têtus qu'ils vont à contre-courant. Comme par exemple la très indicative consommation de carburants.

Dans la dernière livraison de notre magazine Zepros Après-Vente Auto, nous venons de lancer une double page d'indicateurs. Dont les volumes de carburants routiers consommés que dissèque chaque mois la très sérieuse Union Française des Industries pétrolières (Ufip). Et là, surprise. Les volumes brûlés par les véhicules français sont encore, sur les 7 premiers mois de cette année de relance, inférieurs de -8,5 % à ceux de 2019.

Question sans réponse

Les quelques 470 295 voitures électriques et hybrides rechargeables que comptaient les routes françaises fin 2020 (soit 1,2 % du parc VP roulant) ne peuvent avoir un tel et brusque effet. Pas plus que les véhicules de touristes étrangers restés bloqués aux frontières rendues étanches par les confinements ou les seules peurs des contagions.

Même le télétravail ne peut être raisonnablement incriminé dans de telles proportions. Selon une étude de la Direction Général du Trésor, 2,9 jours de travail par semaine suscitent 0,5 % de baisse d'émissions de gaz à effet de serre. Soit l'équivalent des émissions annuelles de seulement 366 000 Français moyens.

Le problème reste donc entier. Car cet indicateur de la consommation des carburants routiers semble fiable. Plus de 8 millions de m3 de super, de diesel et de bioéthanol ont manqué en 2020 par rapport à la consommation de 2019. Soit -15 %, quand il a manqué ± 10 % au marché de l'après-vente l'année dernière. En proportion, il devrait donc manquer plus ou moins 5 à 6 % par rapport à 2019 dans les ateliers de réparation depuis ce début 2021.

Si vous avez la réponse, n'hésitez surtout pas à utiliser les commentaires ci-dessous ou même à nous appeler pour nous en faire part...

Jean-Marc Pierret
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