Peinture : la convergence des luttes entre spécialistes et multispécialistes

Muriel Blancheton
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L’univers de la peinture prend une place de choix dans les mouvements stratégiques de la distribution. De plus en plus convoité, ce produit est considéré comme source de croissance difficilement atteignable aujourd’hui sur la guerre de position du marché mature de la pièce de rechange. Ainsi, trois ans après PHE-Autodistribution c’est au tour de la sphère AAG de s’armer pour reprendre en main la distribution peinture. Le rapprochement stratégique de Centaure et Alternative Autoparts va aussi dans ce sens. Ces stratégies visent à rééquilibrer le rapport de force avec les fabricants premium – des groupes AkzoNobel, Axalta, BASF et PPG – qui étaient jusque-là les seuls maîtres du jeu.
Fabricants et formationConscients du danger, Axalta et BASF intègrent la distribution via leurs filiales idoines. Les industriels conservent d’autres atouts : la détention du savoir-faire technologique et la main sur la formation des peintres. De quoi peser durablement dans la balance. « Nous sommes sur un marché encore largement prescrit par les accords avec les apporteurs d’affaires… Même si l’activité hors assurance s’organise et progresse », rappelle Eric Le Gall, directeur d’enseigne Color AAG. Ce marché va se diviser entre marques A et B analyse Marc Rigal (Fauve). Les premières, agréées par les assureurs, continueront à être distribuées chez les constructeurs et les réseaux de carrossiers. Les B – représentant déjà 15 à 20 % du marché – gagneront du terrain sur le segment hors assurance… Poussées par la distribution, comme des leviers pour se libérer de l’emprise des premiums et accessoirement gagner une nouvelle clientèle. C’est ainsi que l’outsider Sinnek a déjà placé 150 machines en deux ans, avec le soutien des spécialistes Centaure… Les marques A anticipent ce mouvement avec de nouvelles gammes liées aux concepts porteurs de la réparation rapide.
Importance du serviceToile de fond du marché : l’activité du peintre représentait 10,7 % de la facture 2018 du carrossier (+0,4 point par rapport à 2017), alors que les prix augmentaient jusqu’à plus de 10 % sur certains ingrédients. Et cette année, les distributeurs constatent une hausse de 4 à 6 % du prix des bases et de 4 % des vernis de marques A. Justifications : hausse du cours des matières premières, R&D, accords avec les apporteurs d’affaires et procédés de réparation fixés par les constructeurs… Ainsi que le coût des services, relayés par les distributeurs (machine de peinture, stock, formation, etc.). Argument : les carrossiers ont désormais du mal à rester compétitifs sans ces services, de mieux en mieux valorisés par leurs distributeurs. Ceux-ci évitent ainsi de se faire vampiriser par les pureplayers d’internet – trublions qui pimentent ce marché New Age. Le paysage qui se dessine, explique ainsi une convergence entre spécialistes qui se diversifient et multispécialistes qui affinent leur compétence. À termes, nul doute que tous vont se retrouver sur la même ligne ! Ça continue donc à sérieusement bouger dans l’univers de la peinture, et cela devrait durer.Nicolas Girault
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Nouveauté 2019 : à côté du classement des distributeurs de peinture indépendants, nous donnons les résultats de BCSF (BASF) et Cap 20 (Axalta). La présence des filiales des deux fabricants de peinture intégrant une partie de leur distribution n’est pas neutre sur ce marché spécifique. L’une et l’autre le dominent, talonné par notre n°1, Breteault, qui progresse encore à 14,6 M€. Tandis que notre classement voit disparaître Stil (n°4 du Top 25 de l’édition 2018), repris par Axalta. A contrario, d’autres apparaissent sur nos radars, comme Odis et Decharenton. On note enfin de spectaculaires progressions, comme celle d’EPS par croissance externe… Et des décélérations sur un marché qui reste difficile.
Muriel Blancheton
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