Point S veut changer de dimension

Muriel Blancheton
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Point S centre multimodal Aubervilliers

Maintien du développement réseau à l’échelle mondiale, structuration du groupe et agrégation d’un 6eme concept, basé sur les mobilités douces : l’enseigne Point S vit une nouvelle étape de son histoire et laisse entrevoir son avenir. Celui de devenir un pôle multimodal, concentrateur de services donc passage obligé des grands comptes comme des particuliers. Jusqu’à devenir réseau certifié pour véhicules électrifiés ou prestataire privilégié pour constructeurs en quête de réseaux...

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En 2021, l’enseigne toujours indépendante après 50 ans d’existence – aucun manufacturier dans le capital - revendique 616 points de vente en Métropole (France, Drom), avec 43 ouvertures l’an passé.

Pour atteindre ses objectifs 2022, fixés à 675 sites sur le territoire, Point S a déjà ciblé 240 agglomérations dans lesquelles ses concepts pourraient poindre (entretien rapide, City, Centre Auto, Industriel et Glass). S’ajoutent aussi les enseignes Warning et Happycar jusqu’au groupement Pneu Pros Services aux 144 points de vente, appelés à être 400 à 500 à terme, acquis en 2019.

Le maillage étant toujours la condition sine qua none pour séduire les grands comptes comme les particuliers, l’enseigne recrute partout, transforme ou crée ses points de services, toujours en franchise, anime son réseau, le challenge, le forme… et investit à haute dose la TV, entre autres, pour asseoir sa notoriété.

En clair, depuis 20 ans, Point S n’en finit pas de muer. Impossible de résumer l’enseigne à son statut de départ, celui d’une poignée de négociants spécialisés, ces fameux vulcanisateurs des années 70 souhaitant mutualiser leurs achats. Dans sa boîte à outils, Point S a intégré une MDD, la révision constructeur (plus récemment sur les hybrides), a monté une centrale d’achat et de référencements grands comptes (Viasso)…

Plus fort, son ancrage international est hors-normes. Car pour imposer sa marque, Point S a largement dépassé les frontières (lire Point S : vers une planète bleue ). Son empreinte dépasse l’Europe avec 49 pays conquis via la master franchise, soit 5785 points de vente (dont plus de 1000 sur le continent nord-américain). « Nous voulons franchir les 10 000 unités dans 100 pays d’ici 2030 avec nos concepts. Nous visons l’Amérique du Sud, entre autre projets. Actuellement, plus de 50% des profits est réalisé via l’international », avance Christophe Rollet, le directeur général. Pour rappel, le CA France est de 576 M€ (+20%), et 3,8 Md€ au niveau mondial (+8,5%).

Le vitrage en conquête

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Le réseau d’actionnaires adhérents s’est naturellement démultiplié tout comme ses concepts qui cherchent l’ancrage jusqu’au bout des territoires. Ainsi, le vitrage est entré en 2019 avec le panneau S Glass. Certes, il rentre en collision frontale avec le leader Carglass mais Point S fait le pari de se placer au moins devant les enseignes concurrentes qui « détiennent 7% de parts de marché. C’est un vrai levier car un véhicule sur quatre en atelier nécessite une action en vitrage ! »

L’enseigne compte 149 baies et 4 centres dédiés, et pour inciter « fortement » les adhérents à prendre le vitrage en main une équipe interne a été créée, un plan de communication intégrant la TV, canal préféré des adhérents, a été voté et un site web a été lancé. Objectif 2022 : compter 300 baies S Glass en VL et attirer les grands comptes avec moults services et forcément un maillage digne de ce nom.

Selon Christophe Rollet, " les freins des adhérents se portent sur le temps consacré à cette activité, le salarié qu’il faut former et dédier, mais 60 projets de baies S Glass sont déjà signés. Notre devoir est de les inciter dans ces nouveaux développements. Une enseigne, ce ne sont pas que des conditions d’achats ou de la pub à la télé. C’est une vision de l’avenir, surtout lorsque l’on sait que 40% des pièces vendues actuellement n’existeront plus dans dix ans avec le véhicule électrique ! », place le directeur général qui entend également dupliquer le modèle S Glass sur le véhicule industriel, agraire et autocars.

« Nous sommes en effet convaincus de l’attrait de cette prestation sur ces marchés. De même, lorsque nous aurons un bloc de clients grands comptes, pourquoi ne pas développer le vitrage avec une flotte mobile ! Tout est l’étude. Pour l’instant, nous nous installons par le maillage traditionnel. Le reste suivra. »

Transition énergétique et 6e concept Ecomobilité

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Point S surfe également sur les tendances. Surtout celles qui s’installent durablement : les centres sont ainsi amenés à proposer la recharge de VE, en monétisant la prestation, avec géolocalisation. Car là encore, Christophe Rollet avance ses pions : « Nous devons devenir le plus grand réseau certifié européen sur l’entretien des électriques et des hybrides ! Nous avons vocation à devenir partenaires de constructeurs, qu’ils viennent des Etats-Unis ou d’Asie, pour leur permettre de distribuer leurs véhicules et s’appuyer sur notre maillage pour l’entretien et la réparation. Ils en auront besoin car leur part va grossir. Ils n’ont pas le réseau ad hoc. Nous, oui ! Nous pouvons parfaitement devenir un de leurs prestataires. » Et puisque l’heure est aux nouvelles mobilités, l’ajout d’un concept dédié peut aussi répondre aux nouveaux besoins sociétaux et alimenter les centres avec de nouveaux clients. D’où l’émergence d’un 6e panneau baptisé Point S Ecomobilité. Au menu : un partenariat avec Revi Groupe pour le sourcing des vélos, scooter et trottinette, sur du moyen à haut de gamme et un concept clé en main pour un complément d’activité ou un site dédié. "Nous accédons à des marques connues et exclusives comme Peugeot Cycles, KTM, Cube Bikes... », indique Joël Arandel, directeur des opérations et coordination groupe.

Là aussi, le concept vient se frotter à des acteurs déjà existants en grande distribution ou des enseignes spécialisées comme Decathlon. « Nous avons testé l’idée sur deux points de vente. Nous déployons en national le concept avec un vaste plan marketing et communication, car il y a une vraie carte à jouer sur la vente et la réparation des vélos. La manne financière est réelle avec des niveaux de marges très intéressants, sur un marché estimé à 1,2 Md€. 68 points de vente ont déjà candidaté, dont une majeur partie d’adhérents Point S Centre Auto », ajoute Lionel Haberlé. Le directeur marketing et stratégie d’enseignes reconnait l’écueil du stock que devra porter l’adhérent avec des valeurs élevées sur des produits pouvant grimper à 8000€. « Nous travaillons sur des solutions de financement pour le stock de démarrage. »

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Incarnation de la mutation progressive de l’enseigne et ses centres, le site d’Aubervilliers (93), intégré l’an passé, coche les cases du pôle multimodal, rassemblant tous les services : location de véhicules, recharge de VE, contrôle technique, entretien rapide, carrosserie, parebrise et bientôt l’écomobilité. « Ce centre est novateur voire atypique, en tous cas ultra complet pour capter le client quel qu’il soit », observe Christophe Rollet qui laisse entrevoir le futur schéma possible pour le réseau qu’il pilote depuis 20 ans. A suivre…

Sur un marché TC4 à +8% (Source SPP) en 2021, Point S annonce une performance de +13% versus 2019 (année de référence), +33% en agraire et +14% en PL. La dynamique des grands comptes (LLD) n’a pas failli avec + 26% en tourisme et+11% sur en industriel. Enfin, l’enseigne annonce des progressions en entretien et pièce (+17%) et lubrifiants (+40%). Une progression globale de 20%, intégrant une inflation comprise entre 4 et 8%, et quelques phénomènes de pénurie. « Nous avons également ressenti un vrai impact de la Loi Montagne entre septembre et décembre 2021, avec une poussée du quatre saison. Quoiqu’il en soit, le réseau privilégie le premium, plus margeur, avec nos fournisseurs privilégiés Pirelli, Goodyear et Bridgestone », souligne Christophe Rollet.

Muriel Blancheton
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