La transition énergétique du transport se fait attendre

La Chambre Syndicale Internationale de l’Automobile et du Motocycle (CSIAM) a dévoilé ses chiffres pour le marché des VI de plus de 5 tonnes en 2023. Le nombre d’immatriculations atteint 48 864 unités, soit une hausse de 11,02 %. Les tracteurs se sont montrés les plus dynamiques, avec une hausse de 11,83 % de leurs immatriculations (28 425 véhicules), mais les porteurs sont eux aussi bien orientés, avec une progression de 9,9 %, à 20 439 unités. Pour rappel, leur volume d’immatriculations avait dévissé de 13,09 % sur l’exercice précédent... 2023 aura donc été une année de rattrapage, aidée par des délais de livraison fortement réduits et certains transporteurs qui ont anticipé l’évolution du cadre réglementaire relatif aux chronotachygraphes.

À noter également l’excellent millésime pour le segment des bus, qui enregistre 1992 immatriculations (+ 5,56 %). La barre des 2 000 unités n’est pas loin – un cap seulement dépassé en 2015 (2050 unités) et 2021 (2160). « Les collectivités font preuve de volontarisme en matière de renouvellement des flottes », souligne à cet égard Stéphane Espinasse, nouveau président d’Iveco France.

Car la CSIAM s’est également penchée sur le mix énergétique des ventes. À cet égard, la transition énergétique s’avère très avancée sur le segment des bus : les motorisations gaz (44,1 %) et électriques (36 %) s’arrogent en effet plus des trois quarts des immatriculations. Le gazole ne pèse plus que 18,6 % du total. Toute autre est la situation des poids lourds, où les moteurs fonctionnant au gazole s’arrogent encore 92,25 % de part de marché. Les véhicules électriques, eux, ne représentent que 1,13 %. Les volumes sont certes en progression de 304 %, mais ne représentent que 553 immatriculations !

Autre point, déjà soulevé par l’OVI début janvier : les incertitudes liées au contexte économique associées à la hausse du prix des véhicules freinent les transporteurs dans le renouvellement de leur flotte. Les carnets de commande enregistrent ainsi une baisse de 30 % sur le dernier trimestre 2023. Et le surcoût d’un véhicule électrique ne plaide pas en sa faveur…

« Tous les constructeurs membres de la CSIAM sont convaincus qu’il est nécessaire de s’engager dans la transition énergétique. L’événement ‘Décarbonation jour J’, organisé en septembre dernier, a d’ailleurs montré toutes nos solutions disponibles sur le marché. Mais un accompagnement franc et massif de l’Etat est nécessaire ! », martèle Henri Paccalin, président de Daimler Truck France et actuel président de la CSIAM VI. Car si l’enveloppe destinée à financer la transition énergétique des flottes dans le cadre de l’appel à projets est passé de 65 M€ en 2023 à 130 M€ cette année, le montant n’est toujours pas à la hauteur des enjeux. Et le mécanisme s’avère trop complexe pour un tissu d’entreprises composé à 75 % de TPE.

C’est pourquoi la CSIAM plaide pour l’instauration d’un bonus pour l’achat de véhicules décarbonés, autrement plus simple et rapide pour les clients que l'appel à projets, mais également pour des mécanismes financiers permettant de soutenir les investissements dans les infrastructures de recharge. Sur ce dernier point, la question de la recharge en itinérance conditionnera au moins en partie l’accélération de la transition énergétique chez les transporteurs. À date, seules 10 stations de recharge publiques pour véhicules lourds sont actuellement en service en France.