Congrès AD 2023 : les vertus de la continuité

Jean-Marc Pierret
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Congrès AD 2023 Plénière

«Excellence 2013», «Référence 2018», «Préférence clients 2022» et maintenant «Engagement 2027» : le Réseau AD vient de dérouler la quatrième étape de ses grand’messes qui, tous les quatre ans en moyenne depuis 2011, viennent ponctuer ses évolutions. Et confirmer cette fois encore la pertinente continuité d'une stratégie...

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3 850 congressistes dont 1 150 entreprises AD en mécanique et carrosserie -soit 60% du réseau AD- faisaient cette fois escale à Marrakech du 18 au 21 avril derniers. Cinq longues années après la précédente édition, le congrès a logiquement pris des allures de retrouvailles festoyantes pour oublier pandémie, confinement et surinfections russo-ukrainiennes.

Des retrouvailles qui ont effacé les précédents records en nombre de participants, à savoir les 2 500 pros réunis à Barcelone fin 2014 et les 3 500 fédérés à Malte en 2018.

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Congrès AD 2023 Vue aérienne

Congrès des superlatifs

Marrakech empile effectivement les records : 72 partenaires exposants, 40 avions venus de 15 aéroports, 2 500 chambres réparties dans 15 hôtels, 15 hectares de surface déployés en banlieue de Marrakech pour accueillir les plénières mécanique, carrosserie, AD Poids Lourds et l’espace exposants. Un inédit barnum dans le monde des quelque 80 enseignes VL et PL multimarques, toutes activités et canaux confondus.

Les consciences environnementales levant de plus en plus facilement les yeux au ciel, le groupe PHE s’est bien sûr bordé sur son flanc RSE. Les 3 236 tonnes de CO2 dispersées par cette flotte aérienne et logistique seront effacées par la croissance de 23 890 arbres plantés pour l’occasion en Mayenne, Corrèze et Charente, a tenu à souligner Laurent Desrouffet, directeur général des réseaux de réparation, en ouverture du congrès.

Long-termisme gagnant

Sur le fond, un premier constat général : on ne change ni un plan, ni une équipe qui gagnent. Car c’est bien sous le signe de la continuité qu’a été déployé le nouveau mot d’ordre des quatre prochaines années : «Engagement 2027». Il prolonge d’ailleurs les trois socles de progrès présentés lors du précédent plan «Préférence Clients 2022» : technicien, entrepreneur et commerçant.

Le congrès a aussi voulu rester fidèle à ses rythmiques habituelles : analyses des évolutions de marchés, bilans des actions menées et multiples plans de progrès ont enrichi un solide programme de plénières. Avec autant d’humilité pour les retards pris que de satisfaction pour les progrès enregistrés .

De prime abord, on pourrait peut-être avoir l’impression de déjà-vu. Et par extension, se risquer à regretter que l’enseigne aux si multiples chantiers de fond (nouvelle signalétique, communication grand public, digitalisation, DMS, stratégie grands comptes, formation, recrutement, etc., etc.) remette inlassablement les mêmes ouvrages sur les métiers mécanique, carrosserie et poids lourd, alors que les voies ont déjà été ouvertes lors des précédents congrès.

Mais comme aime à le répéter souvent Stéphane Antiglio, le président de PHE, la répétition fixe la notion. Sur scène, il rappellera que tout le défi d’une enseigne est de trouver un juste équilibre entre l’élargissement et l’approfondissement. Et si une qualité doit être reconnue à la stratégie d’AD, c’est son indiscutable long-termisme qui lui permet de suivre au long cours ces deux pistes de progrès, sans donc s’épuiser dans l’une ni risquer de devoir renoncer à l’autre. La réussite du projet de DMS commun, consubstantiel à tant d'autres projets structurants de l'enseigne, est sûrement la meilleure preuve de cette capacité à travailler parallèlement le court et le long terme (voir encadré "Le culotté pari du DMS unique")

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Congrès 2023 - Scène

La gouvernance au gouvernail

On l’a déjà souvent dit, mais congrès après congrès, plan après plan, force est de le constater et de le saluer : l’enseigne AD a adopté l’alchimie propre à celle du groupe PHE. Celle issue de cette nouvelle gouvernance que déployait Stéphane Antiglio en arrivant fin 2010 dans l’ambiance postapocalyptique de l’ère Investcorp achevée en 2009, puis du redressement initié par Towerbrook jusqu’à la revente à Bain Capital en 2015. «Après qu’Autodistribution se soit remis en ordre de marche, l’heure est venue de passer à la vitesse supérieure avec nos réseaux», avait d’ailleurs annoncé Stéphane Antiglio, alors directeur général, sur la tribune du congrès de 2011 insufflant le premier plan «Excellence 2013».

L’approche était percluse d’un bon sens salvateur : restaurer la confiance en concevant une stratégie réellement partagée, aux évolutions décidées de concert. Quitte même à perdre un peu de temps sur le pas de tir, pourvu que l’orbite visée reste dans le plan de vol. Après avoir permis dans un premier temps de réconcilier la centrale et ses distributeurs, puis d’étroitiser la relation des distributeurs avec leurs enseignes de réparation, cette gouvernance consensuelle perdure jusqu'à inspirer la stratégie AD qui, comme celle du groupe entier, avance par itérations discutées et consenties, en garantissant à la fois constance et progression.

La baseline du plan «Engagement 2027», qui promet «un engagement tri-partite tête de réseau, distributeur et réparateurs», n’est que l’héritière de cette impulsion initiale...

Stabilité des équipes

La méthode a une autre vertu : la stabilité des équipes, et donc la constance d’une même vision. Car de l’état-major de PHE aux têtes de réseau, en passant par les partenaires distributeurs, il y a eu somme toute peu de changements depuis 2013 parmi tous ceux qui sont montés sur scène pour présenter et soutenir les plans dévoilés au Maroc.

Seule nouveauté marquante de l’étape marocaine en matière de staff réseau : l’arrivée de Catherine Duick à la tête d’AD Carrosserie pour succéder à Stéphane Montagne devenu directeur des partenariats et des services clients de l’enseigne AD. Quand a été évoqué le nom du réseau Five Star où elle s’est forgé une solide expérience de plus de seize ans, Catherine Duyck ne peut pas avoir pris pour elle le trivial, rigolard et taquin «Hooouuuu...» des carrossiers. C’était juste là une manifestation spontanée de supporters du triangle rouge. Une réaction qui, en creux, a même tout pour la rassurer puisque la réaction traduit une fière adhésion au drapeau...

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CONGRÈS AD 2023 cohésion equipe

L’homogénéité consentie

Une adhésion au cœur de cette autre constante vision du réseau AD. Cette «homogénéité consentie qui nous protège tous» à laquelle Laurent Desrouffet fait à nouveau référence pour «garder une intelligence collective» prompte à identifier, mais surtout à adopter massivement, les bonnes évolutions à suivre. Elle ne fait que prolonger son plaidoyer de 2014 entendu sur la scène du congrès de Malte : «Nous nous devons tous la quête commune d’une homogénéité. Si elle est consentie, elle nous rendra plus forts. Plus nous développerons et valoriserons ensemble la marque AD, plus nous nous rapprocherons du consommateur.»

Et à voir autant de cheffes et chefs d'entreprises studieux et prompts à applaudir des programmes de plus en plus denses et, logiquement, de plus en plus complexes, on comprend que cette alchimie là aussi a pris (voir «AD mécanique : pleinement engagé vers l'avenir», «AD Carrosserie : cap sur la performance et la rentabilité» et « AD Poids Lourds à la conquête des nouvelles technologies»).

Apprivoiser l'avenir

En conclusion, Stéphane Antiglio citera le philosophe Alain («Le pessimisme est d’humeur, l’optimisme est de volonté») pour rappeler qu'au-delà des grands changements anxiogènes (électrification, inflation, crises successives...), il faut s'appliquer à prendre les vents qui sont et restent favorables à la réparation et à la distribution indépendante. L'inertie du parc garantit la persistance de 80 % de véhicules thermiques roulants en 2030 et ledit parc aura encore vieillit en 2025 (11,2 ans contre 10,6 en 2023).

Une façon aussi d’enjoindre les chefs d’entreprise rassemblés à ne pas craindre la densité croissante du réseau qui ne se satisfait pas d'être pourtant le plus dense du plateau. «Plus on est nombreux, plus on est attractifs», martèle-t-il. Surtout à l’heure où «les réseaux constructeurs se contractent». Et à ceux des réparateurs, mécaniques en tête, qui hésiteraient encore à emprunter la voie d’avenir des flottes et des loueurs, il rappelle que «les apporteurs d’affaires sont eux aussi friands de proximité».  

Il leur demandera aussi de continuer «à investir, se former, se qualifier» et s’appuyer sur les services du réseau «pour valoriser les offres et les prestations».

Le bon réglage entre approfondissement qualitatif et élargissement quantitatif, c’est visiblement d’accepter les deux...

Le culotté pari du DMS unique

L’exemple-clé de la pugnacité de l'enseigne AD n’est-il pas la réussite de ce dossier du DMS commun ? Entamé en 2014 pour l’ensemble des carrossiers (Alpha Sigmac), poursuivi en 2018 par une offre mécanique (ADMS 360), complété depuis par une version bicéphale mécanique et carrosserie, le voilà maintenant annoncé dans le réseau AD Poids Lourds pour 2024.

Ce succès était pourtant improbable. Il y a dix ans, peu d’observateurs, encore moins de concurrents, n’imaginaient les adhérents réparateurs d’un réseau traditionnel multimarques, si indécrottablement indépendants, capables d’accepter une telle unification impliquant d’ouvrir et partager le cœur de l’organisation de chacune de leurs entreprises individuelles.

Dix ans après, ils sont pourtant en passe de l'avoir tous adopté. Et les voilà même prêts à basculer dans le DMS «full web» -donc même prêts à l’externalisation de leurs données- pour faciliter encore plus grandement les interfaçages croissants qu’exigent les marchés d’avenir des flottes et apporteurs d’affaires.

Il en faut, de la confiance accumulée, pour faire franchir un tel Rubicon à autant d'entreprises adhérentes...

Jean-Marc Pierret
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