PassThru-Gateway : ils s’occupent de tout
Avec la généralisation du Remote Diag, les fournisseurs sont dans leur rôle, celui de rendre l’accès aux données le plus simple et transparent possible pour les réparateurs et leur permettre de faire du diag sur les dernières générations de véhicules, sans aucune barrière supplémentaire. Dossier
Procédures PassThru ouvrant l’accès aux données techniques des véhicules à la réparation multimarque indépendants, gateway : les verrous à faire sauter sont nombreux pour le réparateur indépendant qui veut garder la main, tandis que les ateliers de marques disposent d’un parcours sans couture pour accéder (via leur outil de diagnostic) à l’ensemble des données des véhicules de leur marque. Ce protocole PassThru J2534 devait ouvrir les vannes pour permettre aux réparateurs indépendants de réaliser toutes les opérations de configuration et de reprogrammation des calculateurs (ECU). Sauf que les choses ne sont pas si simples avec des marques "hors norme" (Tesla, Volvo, GM…), des process d’une complexité extrême ou au fonctionnement erratique (FCA), d’autres "border-line" (Renault-Nissan). « Tous les constructeurs historiques donnent bien cet accès qui est payant et parfois est très onéreux. Et une fois inscrit, ce qui peut prendre des mois ! – encore faut-il maîtriser l’utilisation du logiciel de chacun des constructeurs, qui sont, sauf exception, très peu intuitif ! Les logiciels sont divers, les formules d’abonnement, le niveau d’accès… sont tous variables selon les constructeurs », décrit Sébastien Thiriez, directeur commercial Actia. Au dire des spécialistes, seules les marques Allemandes et celles de PSA (Peugeot-Citroën) « jouent le jeu de la transparence ». Et encore car lorsque l’on se penche sur les tarifs des abonnements (de 500 à 3000 €/an) ou autres "tickets" (pouvant atteindre jusqu’à 70 € de l’heure pour une moyenne à 10 €) pour se connecter aux logiciels constructeurs pour un télé-codage ou téléchargement ECU, on se dit que l’on est encore loin de l’esprit du règlement imposant un juste prix à ces datas !
Embêtant lorsque l’on sait que pour les ateliers les plus techniques, une connexion au serveur pour un codage, remise à zéro, programmation ou récupération d’une simple fiche d’entretien est nécessaire dans une entrée atelier sur trois et à hauteur de 50% pour la gateway !
On comprend l’urgence de voir sortir un "data act" dédié à l’automobile, qui cadrerait encore plus strictement ce vital accès aux données !
Top 8 des tâches en Remote Diag (source : Actia)
- Codage du boîtier remorque constructeur
- Codage suite au remplacement d'une pompe d'additif
- Mise à jour calculateur injection
- Montage de caméra en suréquipement
- Télécodage de phares
- Protection des composants VAG (exemple : radar)
- Cas partiques aboutissant à des reprogrammations
- Mise à jour ECU calculateur AdBlue
Trois options s’ouvrent au réparateur
Dans ce labyrinthe de la maintenance électronique, trois options s’ouvrent : sous-traiter, se former ou déléguer. La première option «coûte cher en temps et en euros, environ trois fois le prix d’un service à distance. Un rendez-vous chez un concessionnaire pour une opération de codage ou programmation peut prendre jusqu’à 15 jours », note Lilian Robert, directeur d’Autel France. Se former donc : « Tous les réparateurs en ont besoin, mais tous ne s’y mettent pas et préfèrent continuer d’envoyer le véhicule vers un atelier du réseau constructeur. C’est aussi une question de génération, d’investissement dans les matériels, de la prise de conscience de la nécessité absolue de se former… De façon plus générale, notre industrie doit communiquer plus fortement sur ce sujet qui est en passe de devenir vital pour les ateliers », alerte Clément Perrin, directeur Equipements de garages Hella-Guttmann/Forvia. Résultat et également pour des raisons de parcs traités, les réseaux de marques gardent la main sur ces opérations plus électroniques. Ainsi par exemple, la reprogrammation de l’ordinateur de bord est, 3,5 fois plus présente dans les réseaux constructeurs que dans les réseaux indépendants (source ANFA).
Delphi lance une solution dédiée au remote diag
Le remote-diag fait un nouvel adepte : Delphi. Courant 2e trimestre, il lancera sa propre solution de diagnostic à distance avec sa propre hotline composée de sept techniciens-experts exclusivement dédiés aux prestations de remote-diag, avec une prise en main dans un délai maximum de 4 heures. Cette solution offre aux professionnels une large couverture du parc automobile. La formule choisie est en « pay-per-use », sans abonnement, ni interface supplémentaire. Delphi précise que son programme est compatible avec la majorité des VCI J2534 du marché et que ses hotliners auront un scope très large d’intervention d’un simple codage de TPMS jusqu’à la mise à jour de l’ensemble d’un véhicule. Initié en France, le service « DS Remote » est appelé à être déployé dans l’ensemble des pays européens.
Un repositionnement stratégique bien vu, pour le fabricant qui avait opté voici quatre ans pour le DSFLASH, un outil inédit intégrant un ordinateur pré-configuré avec l’ensemble des logiciels constructeurs ouvrant un accès centralisé aux notices de configuration du compte client. De l’avis du marché, la "Rolls-Royce" du diagnostic électronique qui s’est cependant avérée trop complexe d’utilisation pour une large majorité des réparateurs. D’où la décision d’ajouter dans la boîte à outil ce nouveau dispositif de Remote-Diag.
Remote Diag : virage facilitateur
Changement de cap de l’écosystème avec la formule de services à distance sur le Passthru/ Gateway. En 2020, Actia lançait son PRP – Remote Passthru, en 2022 Hella Gutmann et DAF Conseil s’y mettent, Bosch et Autel en 2023, enfin Delphi vient d’ouvrir sa hotline DS Remote. Chacun sa formule : boîtier en supplément de l’outil de diagnostic (Hella Gutmann), simple VCI, hotline déportée chez un prestataire ou intégrée (Actia, Autel, Delphi...), abonnement ou en formule “ticketing”.
« Notre mission est clairement de rendre l’accès aux données plus simple et plus intuitif : le réparateur branche une VCI sur la prise OBD, puis appelle une hotline. On prend alors la main sur le véhicule et on réalise l’opération de mise à jour à la place du réparateur », décrit Sébastien Thiriez, directeur com- mercial Actia. « La délégation est la solution facilitatrice qui fait tomber le verrou. En résolvant le problème du Passthru, le Remote Diagnostic progresse très rapidement», confirme Clément Perrin.
Pour que ce réflexe “Remote Passthru” se généralise, il reste encore à communiquer plus largement sur le sujet auprès des indépendants,«car une fois qu’ils l’essaient, ils l’adoptent et s’ouvrent des nouveaux horizons de prestations », insiste Sébastien Thiriez.
Dans le même dossier : SERMI : opérationnel fin 2024
Formation ou délégation : la bonne formule de l’hybridation
Si le Remote Diag apparaît comme le sésame pour résoudre les problématiques des connexions aux serveurs des constructeurs, ce service ne doit pas devenir l’alfa et l’omega du diagnostic. Car si tous les fournisseurs d’outils de diagnostic multimarque ont aujourd’hui mis ce service au catalogue, tous alertent également contre le danger de la facilité. «Nous ne voyons pas le Remote se substituer à l’outil de diag, car l’idée est que le réparateur reste le plus autonome possible», insiste Clément Perrin (Hella Gut- mann/Forvia). Un mantra largement soutenu par tous. Car pas question de pousser la prise en main jusqu’à faire le diagnostic de recherche de panne pour le réparateur : « Ce serait faire un saut en arrière de cinq ans ! Notre hotline ne fait que de la prestation de service d’un problème préalablement identifié par le demandeur de Remote Diag Passthru, qui est une prestation très (trop) complexe pour lui. La hotline continue de faire le support d’aide à la détermination de panne mais pas en format Remote, c’est un autre service. » Un service “plus” qui ne doit pas se substituer à la compétence du réparateur. «Si le Remote est une vraie bonne solution pour ces opérations complexes, le risque est que le technicien ait la tentation de ne plus aller chercher les informations tout seul, de se déresponsabiliser, voire se démobiliser sur la question », insiste Pascal Sigrist (AFDEC). L’objectif est de pousser la montée en compétences du réparateur.
Privilégier le 20/80
La bonne formule serait donc celle de l’hybridation. «Le réparateur doit se poser la question de son 20/80. Se former aux procédures Passthru/Gateway et s’abonner au serveur du constructeur de la (ou des) marque(s) qu’il traite majoritairement et choisir de déléguer au service à distance les autres. Cette formule hybride permet de faire des économies à la condition de bien maîtriser le process », assure Jacques de Leissègues, président de DAFConseil. L’organisme propose des sessions de formation théorique du protocole Passthru, mixante-learning (4modules et une journée en présentiel et en atelier afin de passer aux cas pratiques. Le GNFA a aussi développé sa formation sur le sujet. Le profil du réparateur formé : « Celui qui a la volonté d’avancer, l’habitude de se former et qui a déjà une sensibilité informatique. C’est encore balbutiant chez les indépendants, tandis que les réseaux de marque sont plus intéressés (en multimarque)», décrit J. de Leissègues. Cela s’explique aussi par le fait que les réparateurs peuvent encore faire l’impasse sur ces prestations complexes (et donc garder leur habitude de sous-traiter auprès du concessionnaire) car leur carnet de rendez-vous est encore bien rempli par les interventions simples.