France Assureurs inquiet du surcoût de réparation des VE

, mis à jour le 07/11/2025 à 11h26
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Pouvreau Horent Penet chez France Assureurs

Une étude menée sur près de deux millions de véhicules révèle des écarts de coût de réparation significatifs entre thermique et électrique. Face à cette réalité, la fédération des sociétés d’assurance annonce la création d'un indice de réparabilité et formule plusieurs propositions pour la filière. De quoi interpeller les carrossiers.

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L’enquête commandée à l’institut de sondage OpinionWay et dévoilée le 6 novembre confirme que l'indemnisation des accidents de véhicules électriques coûte en moyenne 11% plus cher que celle des véhicules thermiques. Un écart qui grimpe à +14% pour la garantie dommages et bondit à +28% pour les bris de glace.

Les pare-brise et optiques de phare sont en moyenne 24% plus coûteux à remplacer. Quant aux SUV électriques, les écarts deviennent encore plus sensibles, conséquence d'un poids moyen supérieur de 41% par rapport aux véhicules thermiques (+80% pour les hybrides rechargeables). Ce surpoids amplifie l'intensité des chocs et, par ricochet, le coût des réparations.

La batterie, talon d'Achille

Au cœur du problème : la batterie. Son démontage, son diagnostic et sa réparation restent complexes. Le constat est sévère envers les constructeurs qui, à ce jour, ne sont qu’une grosse moitié sur le marché français à proposer des batteries réellement réparables. France Assureurs craint qu'un « nombre croissant de véhicules pourraient être considérés comme économiquement irréparables au fur et à mesure du vieillissement du parc ».

Pour les carrossiers, cette problématique n'est pas nouvelle : accès aux composants haute tension, protocoles de sécurité renforcés, formations spécifiques, absence de standardisation... Quand la réparation n'est pas possible, c'est le placement du véhicule en perte totale qui s'ensuit.

Indice de réparabilité à venir

Dans cette situation, France Assureurs annonce l'élaboration par SRA d'un indice de réparabilité des véhicules, construit avec les acteurs de la filière à partir de crash tests et d'éléments techniques mesurables. Effectif dès la sortie d'un nouveau modèle, il devrait permettre de mesurer l'impact des innovations sur le coût de l'assurance.

La fédération formule également trois propositions structurantes. La première : renforcer la réparabilité des batteries dès leur conception, avec l'adoption de normes européennes d'accessibilité. Deuxième axe : garantir la libre concurrence en imposant aux constructeurs la mise à disposition des outils de diagnostic, données techniques et processus de réparation à tous les réparateurs, et en interdisant les clauses réservant les pièces aux seuls réseaux propriétaires. Enfin, encourager l'usage des pièces recyclées pour maîtriser les coûts.

Enjeu d'assurabilité

« Pour que cette transition réussisse, elle doit être socialement et économiquement acceptable par tous », souligne Florence Lustman, présidente de France Assureurs. Un message qui résonne à l'heure où seuls 22% des Français font le lien entre coût des réparations et coût de l'assurance, selon l'enquête OpinionWay.

Avec un point de bascule prévu vers 2050 – date à laquelle près de la moitié du parc devrait être électrique ou hybride rechargeable – les enjeux sont considérables. Les carrossiers sont en première ligne de cette mutation, entre montée en compétences, investissements lourds et restructuration des process. L'accessibilité de l'assurance dépendra aussi de leur capacité à maîtriser ces nouvelles technologies et, surtout, à disposer de tous les accès techniques, électroniques et digitaux nécessaires pour réparer les véhicules concernés.

Rédacteur en chef adjoint de Zepros Après-Vente Carrosserie, Romain couvre l'actualité des acteurs de la réparation-collision, du constructeur au réparateur, de l'assureur à l'expert en passant par l'équipementier et le distributeur.
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