Aux origines de l’accord entre Matmut et Valused

Romain Thirion
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Stéphane Muller (à gauche), chargé de la Direction Assurances IARD Matmut, et Julien Dubois, président fondateur de Valused.

Dernier assureur mutualiste à signer un partenariat avec un spécialiste de la pièce issue de l’économie circulaire (PIEC), Matmut a pris le temps de tirer le bilan de ses précédentes expériences avant de choisir un distributeur, un vrai, en Valused.

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Même si d’autres mutuelles d’assurance se sont montrées communicantes depuis longtemps sur les vertus de la réparation et de la pièce de réemploi (PRE) envers le grand public ces dernières années, Matmut n’a cessé d’être active en la matière dans la sphère BtoB. Et le récent accord signé avec Valused, distributeur spécialisé dans la PIEC sous toutes ses formes – dont la PRE – n’est que la dernière étape d’un cheminement qui a longtemps laissé la main au réparateur agréé lui-même.

Question de sécurité, d’économie et de durabilité

Cet engagement envers une alternative à la pièce neuve « remonte largement à plus de dix ans, lorsque le marché a commencé à s’ouvrir aux pièces génériques. Puis une fois les conditions de sécurité réunies, nous sommes passés aux pièces de réemploi. Cette décision a suivi la maturité et la durabilité de l’offre de pièces promise par les recycleurs automobiles, qui se sont rendu compte de l’impact vertueux que représentait le reconditionnement des pièces prélevées sur les véhicules plutôt que la destruction du véhicule entier », témoigne Stéphane Muller, membre du Comité Exécutif du Groupe Matmut, en charge de la Direction Assurances IARD.

Pour un mutualiste naturellement proche des préoccupations de ses sociétaires, il a fallu dépasser la méfiance quant à la sécurité des pièces. Même si elle n’était pas de même nature que la crainte vis-à-vis des pièces adaptables, supposées dangereuses. « La maturité, côté PRE, est venue rapidement car la pièce est proprement reconditionnée et vient désormais accompagnée d’une garantie de la part de l’assureur ou du distributeur. Or, la durabilité sera un facteur améliorant sur ce marché. L’assuré doit comprendre qu’à l’instant T, si sa réparation coûte moins cher, il paiera moins cher sa cotisation à terme. Ensuite un cercle vertueux s’installe, qui génère de l’économie pour l’ensemble de la chaîne, ainsi que de la durabilité », insiste Stéphane Muller.

Du sourcing local à la solution nationale

En termes d’approvisionnement, Matmut s’est d’abord appuyée sur des maillages de réseaux de recycleurs locaux, propres aux réparateurs et à leur zone de chalandise. Néanmoins, la grosse disparité locale et la complexité des process, très différents d’un recycleur à l’autre, nécessitaient de passer la vitesse supérieure. « La structuration croissante des recycleurs et leur digitalisation a beaucoup fait progresser la chaîne de valeur : disponibilité connue, qualité technique, rapidité de livraison… Il faut que l’approvisionnement en PRE fonctionne au moins aussi rapidement qu’en cliquant sur le catalogue de pièces neuves du constructeur pour que cela forme une alternative fiable. Et pour qu’il y ait un vrai décollage, il fallait que l’écosystème le plus large possible de PRE soit à disposition », confirme le dirigeant.

A partir de là, un accord avec un partenaire solide paraissait s’imposer. « Cela fait un certain nombre d’années que nous monitorons le marché de la PIEC. Il nous manquait un chaînon pour fournir l’ensemble des 4 500 carrossiers de notre réseau avec un niveau de qualité stable et un taux de service important », souligne Stéphane Muller. Parmi les nombreuses solutions existantes et éprouvées sur le marché, Matmut a finalement choisi l’une des plus récentes : celle de Valused. Créée en 2023, la société s’appuie sur un modèle particulier. « Le fait que Valused soit un distributeur, non une place de marché, et que l’on sélectionne nos centres VHU partenaires, fait que l’on s’inscrit dans une démarche de qualité. En tant que distributeur, nous certifions nous-même la qualité de la pièce. Nous assumons d’être l’unique interlocuteur pour nos clients et nos partenaires comme Matmut », explique Julien Dubois, président de Valused.

Un distributeur, option rassurante

Et le dirigeant de poursuivre : « dès notre lancement, nous savions que nous allions devoir embarquer les grands donneurs d’ordres, les grands prescripteurs, et c’est la raison principale pour laquelle nous avons choisi d’être distributeur et non place de marché. Référencer une seule entreprise revient à s’assurer un seul SAV, un seul preneur de garantie et c’est donc plus simple pour les grands réseaux de réparation, les grands cabinets d’experts, les assureurs… » Des donneurs d’ordres dont l’empreinte carbone est plus monitorée que jamais et qui doivent désormais justifier des émissions polluantes de leurs sous-traitants, le fameux scope 3. « Valused, pourtant distributeur de pièces, préconise également la réparation lorsque c’est possible. Ce partenariat traduit la recherche de solutions du monde de l’assurance en la matière », ajoute Julien Dubois.

L’entreprise assume tout autant d’accompagner les réparateurs que les recycleurs qui constituent son sourcing. « Notre travail en tant que partenaire des centres VHU est évolutif : nous auditons en permanence leur façon de travailler et les faisons progresser en leur apportant des retours marché sur les pièces qu’ils ne démontent pas assez, sur les pièces qu’il faut reconditionner, comme les optiques dont les pattes de fixation cassées peuvent mener la pièce entière au rebut. Nous leur apportons de la data de valeur pour leur marché à eux mais aussi à l’ensemble de nos partenaires. Car une boucle d’économie circulaire doit fournir de la valeur à chaque membre de la chaîne », insiste le président de Valused.

Interfaçages réparateurs et experts

Pour le réparateur agréé Matmut, Valused apparait comme une solution de sourcing via un interfaçage opérationnel très étroit. « Un autre interfaçage intéressant, que nous construisons actuellement, est avec les outils digitaux de l’expert. Car il est le premier à faire le tour du véhicule suite au sinistre, il fait le premier chiffrage. Or, chiffrer n’est pas que donner un prix, c’est aussi faire une recommandation. Nous apportons à l’expert, de façon objective, la quantité et la qualité d’information nécessaire sur la PIEC pour qu’il chiffre et propose la solution comme il se doit », poursuit Julien Dubois. Des acteurs vers lesquels Matmut ouvre d’autant plus de portes à Valused.

« Ce partenariat avec Valused répond à une volonté de Matmut de renforcer son offre de PRE auprès de ses sociétaires. Il offre les moyens à Valused de continuer à déployer le plus largement possible sa solution et lui permettre de s’interfacer avec l’ensemble des outils d’expertise et de recyclage », affirme Stéphane Muller. Et si l’assureur mutualiste encourage à réparer plutôt qu'à remplacer, en premier lieu, mais lorsque le remplacement s'impose, il souhaite que ce soit avec un taux de PRE élevé si possible. « Si l’on se projette à très long terme, la PRE ou la pièce de qualité équivalente certifiée (PQEC) devrait représenter la majeure partie des remplacements de pièces. Maintenant que la PRE commence à représenter plus de volume, il faut également veiller à ce que la marge du réparateur soit préservée, d’autant que ce type de pièce nécessite parfois plus de main d’œuvre », ajoute le dirigeant.

Romain Thirion
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