
Mobilians appelle à la prudence sur l’IA en carrosserie

Après avoir tiré la sonnette d’alarme cet été sur les risques d’une évaluation automatisée des sinistres, Mobilians publie les premiers résultats de ses tests. Et déplore que les outils d’IA sous-estiment encore trop souvent les dommages par rapport au diagnostic d’un professionnel de la carrosserie.
Annoncé avec force communication, le crash-test organisé à l’UTAC par Mobilians pour confronter, preuves à l’appui, les promesses de l’intelligence artificielle à la réalité du terrain, a eu lieu le 8 juillet dernier. Avec l’objectif de mesurer la précision des outils d’IA d’évaluation des dommages, comparée à celle d’un carrossier expérimenté. Sous le contrôle d’un commissaire de justice, un véhicule représentatif du parc français y a subi un choc à vitesse réelle. Les dégâts ont ensuite été analysés par plusieurs solutions d’IA, puis par un professionnel de la réparation-collision.
Et le résultat est sans appel : les algorithmes ont systématiquement « sous-évalué le périmètre des réparations » selon l’organisation professionnelle. En cause, des limites techniques évidentes pour tout ce qui est de l’analyse fine des dommages. « L’IA ne voit pas ce que ressent la main du carrossier ni ce qu’il perçoit en se déplaçant autour du véhicule », explique un membre du groupe de travail. Les capteurs ADAS, pièces de structure ou défauts invisibles à la simple photo échappent souvent à l’analyse.
Des garde-fous avant la généralisation
Ces conclusions confortent la position défendue par Mobilians dès le mois de juin dernier : la technologie ne doit pas supplanter l’expertise humaine, surtout lorsqu’elle détermine la faisabilité économique d’une réparation. « L’évaluation des dommages reste une étape déterminante du métier. Elle ne peut être confiée à des systèmes opaques ou non encadrés », martèle l’organisation professionnelle, qui appelle à la mise en place de garde-fous avant toute généralisation de ces dispositifs.
Les tests menés démontrent que, sans règles précises ni encadrement, la tentation pourrait être grande pour certains acteurs d’imposer ces outils aux réparateurs agréés ou d’en faire un préalable aux chiffrages réalisés à partir de simples photos d’automobilistes. Une dérive que Mobilians entend prévenir. « Que ce soit sur la capture des images (photos des sinistres d’aujourd’hui et vidéos de demain), de l’analyse algorithmique de celles-ci, de la définition des méthodologies de réparation induites ou de celle de chiffrages liés, des prérequis semblent urgents à mettre en place. C’est essentiel avant tout recours à ces équipements sous algorithme en réparation automobile, et ce, avant toute généralisation dans notre secteur », soutient le syndicat.
Libre choix et responsabilité du réparateur
L’organisation réclame ensuite le libre choix des équipements, qu’ils soient traditionnels ou fondés sur l’IA, et refuse toute contrainte imposée par les assureurs ou partenaires. Car au-delà des enjeux économiques, le sujet touche à la responsabilité juridique et sécuritaire des réparateurs. « Tant que c’est le carrossier qui engage sa responsabilité sur la conformité du véhicule réparé, il doit garder la maîtrise de ses outils et de son diagnostic », rappelle Mobilians.
L’organisation prévoit désormais de partager ses conclusions avec les compagnies d’assurance avant une présentation officielle en novembre. En attendant, elle réaffirme son engagement à encadrer l’usage de l’IA dans la réparation-collision. Mobilians reconnaît cependant qu’intégrée au évolutions technologiques en termes de relation client, de conduite des process administratifs ou de réapprovisionnement, l’IA peut ainsi « agir comme un facilitateur dans le quotidien des réparateurs », jusqu’à « contribuer à la performance financière des sites et s’inscrire dans une démarche responsable ».
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