Nouveaux constructeurs : allez-vous prendre la vague ?
La future (?) déferlante sur le marché européen des néo-constructeurs, principalement d’Asie, pose la question de l’après-vente de leurs modèles. Ces industriels n’avaient pas anticipé la question. Plutôt que de créer des réseaux physiques, ils devraient s’adosser à des enseignes existantes.
Le marché voit débarquer de nouveaux constructeurs, principalement venus d’Asie. Et malgré leur volonté de s’implanter à l’international, au moins pour une partie d’entre eux, le service après-vente ne semble pas (encore ?) faire partie de leur stratégie. Cela pourrait s’avérer pénalisant sur le marché mature du Vieux Continent. Une marque montante comme MG n’a pas anticipé ses besoins en après-vente – d’aucun dirait « entre-vente » – à son lancement. Elle est en train de changer radicalement (cf. page 19). Parce que les réseaux – notamment de carrossiers – commencent à en avoir en atelier, certaines enseignes multimarques l’ont accompagné pour monter les nomenclatures de pièces, faire les éclatés véhicule nécessaires à un chantier de réparation-collision ou encore pour l’intégration à un logiciel de chiffrage.
Dans le dogme de la qualité de leur produit, les marques chinoises n’envisagent (même) pas de faire face à suffisamment de problèmes techniques ou de devoir organiser un entretien régulier. « Leur seul objectif est d’inonder le marché de véhicules… Pour le reste… », résume un observateur du marché. Les constructeurs asiatiques ne sont pas les seuls à être tombés dans cet écueil : Tesla, qui réalise record sur record de ventes, a mis du temps à admettre la nécessité d’un tissu physique de pros pour gérer la maintenance de son parc. Un tissu toujours en construction…
Dialogue difficile
Et c’est là que le bât blesse : des tests et des discussions ont déjà bien eu lieu entre les groupements de distributeurs PR et les nouveaux constructeurs chinois mais à ce stade, les « traditionnels » n’ont pas encore envie « d’y aller ». « Nous sommes des logisticiens et savons servir la pièce, mais là il faut tout construire. Ces constructeurs n’envisagent absolument pas le SAV et les pièces de rechange en termes de pricing », soutient un puissant acteur du marché de la rechange indépendante. Même son de cloche chez d’autres. Et sur la question d’accès aux pièces détachées, là encore rien n’est envisagé hormis envoyer les enseignes « volontaires » s’approvisionner directement dans leur centre logistique des Pays-Bas ! Est-ce qu’à terme, les constructeurs historiques porteurs d’une MDD multimarque ne pourraient pas intégrer ces pièces de modèles chinois dans leur catalogue ? Ces stratégies ne pourront être envisager que lorsque le parc roulant de ces marques sera significatif !
L’attentisme prévaut
Du côté des réparateurs français, pas d’engouement non plus. Certains sont encore dans le militantisme « anti-constructeurs chinois », d’autres se disent qu’il y a encore 3-4 ans avant de devoir se pencher sur le dossier. Car qui peut aujourd’hui prédire lequel sera encore là dans 4 ou 5 ans… Témoins : ce début d’année 2023 a vu coup sur coup l’Allemand Sono Motors et le Néerlandais Lightyear, tous deux pionniers sur la conception de véhicules solaires, annoncer leur faillite. Avant même le début de production en série… Et s’il ne s’agit pas de constructeurs chinois, ils sont le symptôme d’une filière en effervescente mais appelée à se consolider ! Pour la grande majorité des acteurs de la rechange indépendante traditionnelle, il est donc urgent d’attendre ! Mais la nature ayant horreur du vide, d’autres se sont d’ores et déjà positionnés sur cette nouvelle vague…
L’Empire du Milieu définitivement branché
Le dernier vrai salon automobile : la récente édition de l’Auto Show de Shanghai, où 94 marques et 300 modèles ont été présentés, a démontré à quel point le marché chinois et son industrie nationale sont à la pointe du VE. Non contentes de pouvoir satisfaire la demande intérieure, les marques chinoises possèdent des capacités industrielles – d’ores et déjà amorties par ladite demande intérieure – qui leur font aujourd’hui regarder hors des frontières nationales. Pas un mois ne passe sans qu’arrive une annonce concernant les velléités européennes d’un nouvel acteur chinois du véhicule électrique. Dernier en date : la marque BYD vient d’annoncer un objectif de vente de 300 000 sur les marchés étrangers, contre 50 000 ventes en 2022. Après des décennies durant lesquelles la concurrence asiatique se ruait dans nos salons pour venir copier la technologie « made in Europe », ce sont aujourd’hui les directions des grands constructeurs européens qui se déplacent en Chine pour s’enquérir des dernières nouveautés nées dans l’Empire du Milieu. Les lignes ont définitivement bougé…