Pénuries : les stocks tiennent bon

Jean-Marc Pierret
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Stocks

Plus que jamais, le stock fait partie la réussite des distributeurs. Et particulièrement en ces périodes de déstructurations géopolitiques (guerre en Ukraine) et « géo-pandémiques » (aléas des productions chinoises et plus largement asiatiques) qui ont rendu le sourcing et les réappros plus incertains parfois, plus coûteux toujours. Donc plus stratégiques et imaginatifs que jamais...

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Grandes centrales d’achat, plateformes et distributeurs restent rassurants: leurs stocks sont garnis. Tous réussissent même à élargir leurs débouchés, par exemple en dépannant les groupes de distribution VN quand ces derniers sont mal servis par les logistiques de “leurs” constructeurs.

D’ailleurs, les distributeurs de pièces multimarques sont nombreux à dépasser les 5 % de progression qu'apporte mécaniquement l'inflation. Ils culminent encore à +12% au 2ème trimestre 2022, après un bon +10% au premier. Ils répondent donc à une demande soutenue.

Des stocks en “double commande”

Évidemment, les distributeurs gardent les yeux rivés sur leurs appros. Leurs centrales et leurs services achats ont d’ailleurs ouvert, au moins à titre conservatoire, des lignes aux fournisseurs spécialistes de l’aftermarket, ces agiles assembleurs de gammes qui savent depuis longtemps jongler avec les sourcings. Ils ne s’en vantent guère, syndrome du « profiteur de guerre » oblige ! Mais les temps sont plutôt porteurs pour eux, acteurs complémentaires aux équipementiers première monte dont les taux de disponibilité s’effondrent parfois dramatiquement.

Une autre réalité conjoncturelle vient au moins renforcer les approvisionnements : à-coups dans les supply chain mondiales obligent, beaucoup d’équipementiers – et donc de centrales – ont reçu et reçoivent encore des commandes passées il y a de longs mois. Commandes originelles et de secours passées depuis s’entrechoquent parfois difficilement, mais un autre atout très conjoncturel vient aussi aplanir les tensions inhérentes sur les trésoreries: l’inflation. Car qui dit inflation dit revalorisation des stocks. Surstoker devient donc « bilantiellement » moins douloureux…

La Turquie, nouvelle Chine de la pièce ?

Comme le coût du transport maritime reste élevé (des containers jusqu’à 20 000$ le bout !), on commence aussi à voir basculer les productions de la Chine vers la Turquie. Surtout depuis que la guerre russo-ukrainienne a fermé les liaisons terrestres entre Chine et Occident.

Équipementiers comme constructeurs louent de façon croissante les qualités de production de la Turquie, pendant que leurs spécialistes internes de la RSE saluent un bilan carbone allégé. Autre raison moins avouable de se tourner vers ce pays : elle qui a pour pays frontaliers l’Iran, la Syrie ou l’Irak est spécialiste des relations économiques discrètes avec les pays qui ne sont plus officiellement fréquentables pour la communauté internationale.

Et nul n’ignore, dans la pièce comme ailleurs, ses bonnes relations avec la Russie…

Optimisation des livraisons

Avec des carburants qui flirtent encore avec les 2 €/l et des salariés nécessairement augmentés pour suivre le coût de la vie, livrer jusqu’à cinq fois par jour impacte la profitabilité. Tous les acteurs repensent donc leur logistique de proximité pour l’optimiser. Les stratégies en la matière (appels d’offres nouveaux, digitalisation optimisatrice des tournées, etc.) sont pour l’heure destinées à limiter les surcoûts.

Et quand l’inflation se calmera en 2023 comme les Augures le laissent entendre, ces initiatives deviendront porteuses de productivité…

Jean-Marc Pierret
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