[TOP 100] Alliance Automotive Group : « Il n’y aura pas de Groupausium »

Luc Ferlaux
Tout change mais rien ne change ! En clair, le mot d’ordre, c’est toujours l’efficacité commerciale. C’est en synthèse la philosophie d’Éric Girot, directeur général d’AAG France, aux commandes du navire français. Pourtant, AAG ne cesse de muter depuis dix ans, avec une accélération depuis son rachat en 2017 par GPC.
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Dernier acte en date, le groupement de groupements ne compte plus que trois enseignes de distribution, contre cinq auparavant, avec 269 distributeurs Groupauto et 256 Précisium (70 % du CA en BtoB), animant chacun leurs réseaux de réparation, auxquels se rattache la franchise de détaillants Pièces Auto (racheté à Jacky Vercaigne), dans laquelle sont logés 80 Gefa et Partner’s , sans animation d’ateliers et une offre Tech’In valorisée. L’objectif sur Pièces Auto est ambitieux avec 380 sites prévus dans trois ans et des petits comptoirs en zones urbaines qui visent clairement les particuliers (50 % du CA actuellement).

Un second semestre 2021 annoncé compliqué

« Il n’y aura pas de “Groupausium”, mais il n’était plus question de se disperser avec cinq marques. Nous étions invisibles. C’est le vrai changement sur le terrain. Sachant que nous sommes maîtres du temps pour intégrer à 100 % cette nouvelle organisation », accorde Éric Girot. Trois marques, un CA étale de 1,1 Md€ en 2020 pour 1 080 points de vente (dont 240 filiales), 2 500 réparateurs… et un constat du directeur général : la rudesse du troisième confinement en 2021 a laissé plus de traces que les deux premiers l’an passé car il n’y a pas eu d’effet de reprise comme en 2020, à chaque déconfinement. Le second semestre s’annonce compliqué car la profession s’attend à une inflation élevée, voire massive. « Elle était limitée jusqu’à présent au périmètre des constructeurs, liée à la pénurie des composants entre autres, mais elle devrait se propager avec des hausses significatives déjà annoncées par les fournisseurs (huiles, carburants…). Surtout, nous craignons une pénurie de pièces venues d’Asie par manque de bateaux. En clair, nous guettons les containers. Nous avons les stocks, mais jusqu’à quand ? »

De l’utilité de la voiture…

Dans cette année chamboulée, le directeur général exprime des satisfactions : l’appropriation croissante de la marque NAPA par les réparateurs tout d’abord, « plus vite que nous l’avions prévu ! Elle se loge dans une offre déjà large et s’enrichira encore avec d’autres familles autour de la liaison au sol ». Puis la pièce recyclée (réemploi et rénovée). « Le recyclage est un axe fort chez AAG , car il répond aux demandes des assureurs, des particuliers, des flottes… » Enfin, le DG souligne le rappel à la mémoire collective, en plein marasme Covid, de l’utilité de la voiture. « Un constat qui a redonné du souffle à un moyen de locomotion conspué depuis des années, dont on disait que la propriété était obsolète, teintée d’une vision parisianiste qui ne reflète pas la réalité des besoins sur le territoire. Cette crise aiguë est venue rappeler quelques fondamentaux, notamment sur la nécessité d’entretenir son véhicule sur la durée, ce qui est bon pour nos ateliers sur les prochaines années », rappelle Éric Girot, qui se veut un brin provocateur.

Les réparateurs déjà prêts à l’électrique

Car à l’autre bout du spectre se profilent le véhicule électrique et le remplacement des pièces. Clairement un autre vecteur de croissance pour la rechange : après trois ou quatre années de détention sur le VE, les réseaux constructeurs verront partir le véhicule vers l’IAM, au moment où la consommation de pièces va augmenter. « Et contrairement aux idées reçues, on ne changera pas uniquement les pneus et les balais d’essuie-glace ! Les équipementiers commencent déjà à nourrir leurs catalogues PR. Je fais un parallèle avec la réparation des motorisations diesel : sauf erreur de ma part, il n’y a aucun concessionnaire qui possède un banc de réparation pour les injecteurs et les pompes. Ce sont bien les indépendants qui depuis vingt ans réparent ces organes ultra-techniques ! Il est donc fort probable que dans vingt ans, ils soient également les seuls à rénover des organes électriques, à condition d’être formés et préparés. Et nous y travaillons, de la même manière que nous travaillons sur les besoins futurs en pièces pour véhicules hydrogènes et à gaz ! » D’autant que cette mutation prendra peut être un virage différent du schéma classique basé sur un parc électrique plus dense en zone urbaine. Pour Éric Girot, ce serait bien l’exact opposé qui se dessinerait à l’horizon 2030. « Les infrastructures pourraient se développer plus vite en province car moins contraintes en termes de place que les villes. L’évolution du parc électrifié pourrait donc se faire plus vite dans nos ateliers que chez les constructeurs. Sachant que nous avons déjà l’offre et les compétences pour réparer tous les véhicules, de zéro à vingt ans ! »

Muriel Blancheton

Retrouvez le TOP 100 Zepros 2021 en version numérique

Luc Ferlaux
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