2021 : année de tous les records pour les distributeurs PR
Alors qu’ils se battaient encore avec les dysfonctionnements dus au Covid et les prémices de la désorganisation conjoncturelle de la chaîne d’approvisionnement, les distributeurs de pièces de rechange, interrogés dans le cadre du Top 100 Zepros, affichent des progressions remarquables sur 2021. Mais quid de 2022 ?
Les distributeurs ont surperformé l’an passé. C’est en tout le premier constat à la lecture des réponses envoyées à Zepros Après-Vente Auto dans le cadre de son Top 100. Nos premiers retours font état, pour la plupart, de progressions de CA de 10 %, et pour certains même largement au-delà des + 20 % sur 2021. Certes, la comparaison se fait sur une année 2020 « covidée » qui s’était bouclée sur une baisse moyenne de 0,18 % pour notre Top 100 – autant dire stable – et il conviendra de pousser l’analyse jusqu’à 2019, comme l’a d’ailleurs fait la Feda sur son panel. Certes, la fin d’année 2021 a annoncé les prémices d’une inflation qui s’accélère depuis. Mais les distributeurs auront largement profité d’une activité très dynamique des garages en sortie de confinement.
2021 pourrait ainsi être une année record pour nombre de nos 100 « champions indépendants » de la distribution. Et plus particulièrement pour le premier d’entre eux : IDLP annonce son record personnel en atteignant la barre des 200 M€. Record également pour la filière, dont aucun des distributeurs indépendants scrutés depuis douze ans par Zepros n’avait encore atteint ce niveau de business.
« Je n’aurais jamais pensé qu’IDLP passer cette barre aussi rapidement, cela en plus en sortie de crise Covid. Il y a eu une bonne dynamique pour les sociétés du groupe en 2021 car nous n’avons jamais fermé pendant les confinements. Nous n’avons ainsi jamais été stoppés dans notre élan. La détermination sans faille des équipes nous a permis d’atteindre ce chiffre d’affaires malgré un contexte sans précédent. Cette croissance de près de 20 % s’explique aussi par la consolidation de nos acquisitions de plateformes (PAP)n qui ont donc commencé sur 2021 à donner les premières belles performances », explique Fabrice Godefroy. Le directeur général du groupe rappelle aussi que de distributeur régional couvant l’Ile-de-France, IDLP a pris un virage national « avec des stocks couvrant bien l’Hexagone. Cette dimension nationale nous a permis de passer ce cap de chiffre d’affaires ».
À noter que le n°2 du classement Zepros, Leroy Accessoires Distribution, a lui aussi passé une barre en 2021 : celle des 100 M€ de business.
Équation complexe pour 2022
Sur le premier trimestre, la dynamique des distributeurs est restée porteuse avec selon le Baromètre Feda une progression moyenne de 10%, dans un paysage inflationniste de 5 %. Cependant, la queue de comète Covid (et notamment dans une Chine reconfinée à l’infini), une guerre russo-ukrainienne qui sur-infecte les pénuries et les hausses des coûts de l’énergie pourraient cependant finir par impacter négativement le business en 2022.
La distribution va donc devoir continuer à assumer une importante immobilisation de stock, d’autant plus lourde que les augmentations tarifaires sont « surnaturelles. Fin 2021, les fournisseurs nous ont prévenus que sur 2022, il faudrait intégrer des augmentations moyenne de 5 %, finalement chez certains on est à 8-10 %. » Des équipementiers qui eux aussi ont bien passé ce premier trimestre (Résultats équipementiers : merci l’inflation… et vive la rechange !), mais qui commencent à se sentir sérieusement en difficulté.
« Si je comprends bien que nos fournisseurs sont actuellement entre le marteau (économique) et l’enclume (mutation technologique), j’espère que la rechange indépendante n’est pas une variable d’ajustement face aux difficultés qu’ils rencontrent en première monte avec les constructeurs », s’inquiète Fabrice Godefroy.
Réparateurs fragilisés
Une inflation qui va contribuer à gonfler le chiffre d’affaires, « mais il va falloir en tenir compte pour mesurer les réelles performances de nos entreprises ». Si la distribution répercute ces hausses de prix, elle sait que la limite d’acceptation par les consommateurs et donc par les garagistes a ses limites. Et de fait, les réparateurs ont commencé à marquer le pas avec une activité sur quatre mois en recul de 1,4% selon le baromètre AmToday/EBPMéca. Mais aussi un différentiel de performance avec leurs fournisseurs qui laisse entrevoir que les ateliers peinent à application l'entièreté des hausses de tarifs sur les pièces. S'ajoutent à cela qu'après l’euphorie du parapluie étatique, les défaillances de TPE reprennent. Difficultés confirmées sur le terrain : « Nous notons une recrudescence des défaillances et retards de paiement chez les réparateurs mais aussi chez les distributeurs », remarque Fabrice Godefroy.
Pas de triomphaliste donc pour le leader du marché. « On sait que les prochaines années seront compliquées. Avec des défaillances d’entreprises qui risquent de s’accélérer maintenant que l’on retire la couverture. Malgré tout, en 2022, nous devrions finir sur le même trend que 2021 car l’après-vente indépendante continue de "profiter" de la chute des ventes VN prolongeant mécaniquement la durée de circulation du parc ancien qu’il faut entretenir. Mais avec une après-vente en profonde mutation technologique, le plus dur reste à faire. Il va falloir, consolider, maintenir et inventer dans un nouveau monde qui risque d’arriver beaucoup plus vite que prévu », conclut Fabrice Godefroy.